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J’ai lu : Brave New Words: How AI Will Revolutionize Education (and Why That’s a Good Thing) de Salman Khan

Cet été, j’ai lu Brave New Words: How AI Will Revolutionize Education (and Why That’s a Good Thing) de Salman Khan. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Salman Khan est le fondateur de la Khan Academy, une plateforme éducative à but non lucratif qui propose des ressources pédagogiques gratuites à des millions d’élèves à travers le monde. 

Au début de ma lecture, j’avais quelques appréhensions, pensant que ce livre ne serait qu’une vitrine promotionnelle pour son nouvel outil, Khanmigo, présentement disponible aux États-Unis en partenariat avec Microsoft. Cependant, bien que cet outil, présenté dans le livre, présente de belles possibilités pour accompagner les élèves dans divers processus, ce sont ses réflexions sur les sujets suivants qui m’ont le plus marqué.

Comme Salman Khan, je me considère une techno-optimiste. J’ai toujours cherché à trouver des façons positives d’utiliser le numérique tout en restant critique et réfléchie. Plusieurs de ses propos m’ont donc fortement rejointe. 

Changements en éducation : équité et accès

Les réflexions de Salman Khan sur l’impact de l’intelligence artificielle en éducation m’ont particulièrement interpellée. Selon lui, les étudiants pourraient bientôt apprendre plus rapidement et retenir davantage d’informations grâce à l’IA, argumentant ainsi que cette technologie est l’outil ultime pour accélérer l’intelligence et le potentiel humain. L’IA pourrait accélérer l’apprentissage à l’échelle mondiale et nous rapprocher d’un monde où chaque individu aurait accès à une éducation de qualité et abordable, peu importe les contraintes géographiques, économiques ou sociales. Cette technologie pourrait répondre aux besoins diversifiés des élèves, comblant les écarts d’apprentissage et proposant des ressources de qualité, surtout dans les zones mal desservies.

Selon Khan, nous sommes à un tournant dans le monde de l’éducation avec des implications vastes qui changent tout ce que nous connaissons sur l’apprentissage, le travail et le sens même de la vie humaine. Les étudiants les plus performants seront ceux qui utiliseront l’IA pour établir des connexions conceptuelles et développer des idées. Ceux qui apprendront à utiliser l’IA de manière éthique et productive apprendront à la fois à un rythme exponentiellement plus rapide, et de manière à rester compétitifs tout au long de leur carrière. 

L’IA peut également alléger la charge des enseignants, en leur faisant gagner du temps et en les aidant à éviter le surmenage. Cependant, l’élément humain demeure essentiel : sans la connexion entre enseignants et élèves, même la meilleure technologie ne saurait remplacer la qualité de l’apprentissage. Pour que l’IA soit véritablement transformative, elle doit être équitable et accessible à tous, réduisant les coûts et surmontant les barrières linguistiques, pour ne laisser personne de côté.

Les tuteurs IA

Bien sûr, une bonne partie du livre présente l’utilisation de Khanmigo dans différents contextes et son utilisation change bien des choses en éducation. L’arrivée des tuteurs alimentés à l’intelligence artificielle pourrait permettre de rendre l’apprentissage véritablement centré sur l’élève, à la fois par des interactions directes avec l’apprenant et en aidant les enseignants à personnaliser davantage l’enseignement. Quand un tuteur IA est disponible, on peut poser des questions sans peur du jugement des autres. Cela libère également du temps en classe pour des interactions plus authentique et profondes entre humains, comme les dialogues socratiques, la résolution de problèmes en groupe ou l’apprentissage par projet.

Toujours selon Khan, les tuteurs IA peuvent aussi aider les parents à comprendre où leurs enfants rencontrent des difficultés et leur montrer comment mieux s’engager avec la matière. Cette technologie aussi peut fournir des microlessons sous forme de vidéos à la demande, permettant aux élèves de suivre à leur propre rythme et de libérer du temps en classe pour des dialogues collaboratifs et des travaux soutenus par les enseignants.

Les craintes du milieu de l’éducation

Salman Khan aborde les craintes liées à l’utilisation de l’IA en éducation dans son livre. Il affirme que « nous ne devons pas laisser la quête de la perfection devenir l’ennemie du bien. » Selon lui, exposer les apprenants à l’IA générative est inévitable, et il est naturel de s’inquiéter des implications. Toutefois, Khan souligne que ce n’est pas la technologie en elle-même qui est bonne ou mauvaise, mais la manière dont nous l’utilisons.

Khan explique que la technologie peut être à la fois une distraction et un outil puissant. Par exemple, elle peut nous distraire de façon ludique, mais elle permet aussi de rester en contact avec nos proches et d’apprendre de manière créative. L’essentiel est de l’utiliser à bon escient, en se concentrant sur les problèmes qu’elle peut résoudre.

Il explique qu’il est crucial de ne pas utiliser l’IA simplement parce qu’elle est « cool », mais de réfléchir à son impact réel. Khan mentionne que les enseignants doivent ajuster leur approche pour tirer parti de l’IA, en l’utilisant pour aider les étudiants à s’améliorer et à combler leurs lacunes. Il insiste sur le fait que l’IA doit être vue comme un assistant pédagogique, non comme un remplaçant des enseignants.

Les craintes que l’IA réduise les interactions humaines sont légitimes. Cependant, Khan rappelle que l’IA peut aussi enrichir ces interactions en libérant du temps pour des activités plus significatives en classe. Il conclut en soulignant l’importance d’utiliser cette technologie de manière responsable et de mettre en place les garde-fous nécessaires pour protéger les apprenants. Pour Khan, l’IA a le potentiel de créer un nouvel âge d’or pour l’humanité, à condition de l’utiliser avec sagesse et intention.

L’évaluation et l’intelligence artificielle

Selon Salman Khan, l’attention excessive aux évaluations empêche les étudiants de s’engager dans une plus grande diversité de textes et de modalités. Il rappelle aussi que le problème de la tricherie et du plagiat existait bien avant l’IA. En 2019, le New York Times a mis en lumière des diplômés au Nigeria et au Kenya qui gagnaient leur vie en rédigeant des essais pour des étudiants américains. L’arrivée de l’IA générative met en lumière ces problèmes persistants de tricherie. Ne pas prendre en compte ce problème risque de dévaloriser les diplômes universitaires et de favoriser des comportements peu honnêtes.

Pour résoudre cela, Khan propose des solutions comme faire travailler les apprenants sur leurs rédactions en classe, ce qui permet un soutien direct des enseignants et des collègues de classe. Il mentionne aussi que Khanmigo développe des outils permettant aux enseignants de créer des tâches et des barèmes de notation avec l’aide de l’IA. L’IA pourrait rendre les évaluations plus riches et pertinentes, par exemple, en évaluant des réponses ouvertes plutôt que des questions à choix multiples, ou en engageant les apprenants dans des discussions sur leurs réponses.

Khan reconnaît que l’utilisation de l’IA pour l’évaluation soulève des inquiétudes, notamment sur les biais possibles. Cependant, il souligne que les évaluations actuelles, conçues par des humains, sont également sujettes à des biais et des erreurs. Pour lui, l’IA, bien utilisée, peut améliorer l’équité et la pertinence des évaluations.

Les épreuves standardisées

Salman Khan aborde aussi dans son livre, les critiques fréquentes contre les épreuves standardisés, souvent jugées trop limités et concentrés sur des questions à choix multiples qui ne reflètent qu’une partie des compétences importantes des apprenants. Une autre critique est que cela peut inciter les enseignants à restreindre leur enseignement à la préparation aux épreuves. De plus, ces épreuves sont accusées de prendre du temps précieux sur le temps de classe sans offrir de résultats réellement exploitables.

Khan reconnaît que l’éducation est devenue politiquement chargée, et le manque de transparence sur ce que ces épreuves évaluent rend les gens sceptiques. Cependant, il défend l’idée que, même si les épreuves standardisées sont imparfaites, leur suppression ne rend pas le système plus équitable. Sans ces évaluations, les écoles ne peuvent pas identifier les lacunes des élèves. Ne pas connaître ces écarts rend plus difficile leur amélioration, qui devient souvent plus complexe au niveau universitaire ou professionnel.

Khan propose une solution : intégrer les résultats des tests dans une plateforme logicielle pour des exercices personnalisés. Il souligne que la création coûteuse et la sécurité nécessaire des tests traditionnels limitent leur flexibilité et leur transparence. Une évaluation adaptative, où chaque élève reçoit une séquence de questions établie sur ses performances précédentes, pourrait résoudre ces problèmes. Grâce à l’IA générative, il est possible de combiner standardisation et évaluation avec richesse et nuance, tout en étant conscients des risques de biais. Avec les précautions appropriées, la transparence et des garde-fous, l’IA peut, selon lui, améliorer l’efficacité des évaluations.

La créativité et l’IA

Salman Khan explore aussi comment notre créativité s’enrichit au contact de celle des autres. Nous devenons plus créatifs en échangeant avec des personnes créatives, car nous nous inspirons mutuellement et développons nos idées ensemble. Un monde alimenté par l’IA générative accélérera ce processus, selon lui. Les meilleures idées émergeront non pas de l’IA créant pour nous, mais de l’IA créant avec nous, en s’inspirant et en développant nos pensées.

Chaque génération dispose d’outils créatifs de plus en plus performants, qui ne suppriment pas la créativité humaine, mais la magnifient. Khan souligne que nous avons désormais la possibilité d’avoir des milliers de Mozarts, d’Einsteins et de Da Vincis grâce à l’IA. 

Il met en avant que nos apprenants sont des créateurs : producteurs, auteurs-compositeurs, chanteurs, podcasteurs, conservateur de médias et d’informations et que toutes ces désignations nécessitent une profondeur de connaissance accrue. 

Le livre Brave New Words: How AI Will Revolutionize Education (and Why That’s a Good Thing) de Salman Khan m’a fait réfléchir sur l’avenir de l’éducation. Ses idées sur l’IA, la personnalisation de l’apprentissage et l’évolution des méthodes pédagogiques sont à la fois intéressantes et pragmatiques. J’ai particulièrement hâte de tester Khanmigo et de voir comment cet outil pourrait transformer notre vision de l’apprentissage et de l’enseignement.

Je recommande vivement ce livre à tous ceux qui s’intéressent à l’éducation et à la technologie. Il offre une perspective optimiste et éclairée sur la manière dont l’IA peut révolutionner notre façon d’apprendre et d’enseigner.


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